Interventions esthétiques et gestes beauté : les risques pour la santé
Faut-il prendre des risques pour sa santé pour être belle ?
Chaque transformation physique volontaire va avoir son lot de risques, plus ou moins importants.
Je cite dans cet article : prothèses mammaires, chirurgie esthétique, liposuccion, épilation laser, décoloration/coloration des cheveux, maquillage, vernis à ongle et faux ongles, injections, micro-blading et tatouage semi-permanent, microneedling…
Prothèses mammaires (et autres prothèses)
En France, on se rappelle du scandale des prothèses PIP, avec près d’un million de prothèses mammaires non conformes aux normes sanitaires.
Malheureusement les problèmes n’en sont pas restés là, même avec des prothèses conformes et qui ne se sont pas percées, de nombreuses femmes déclarent des symptômes. Rejet du produit ? Inflammation ? On en sait peu sur les causes. On sait par contre que la FDA (Food and drug administration aux USA) reconnaît depuis peu la “Breast implant illness” ou maladie de la prothèse mammaire en français. La BII peut survenir avec tout type d’implant mammaire, y compris les surfaces lisses remplies de gel de silicone, de solution saline, texturées, rondes ou en forme de larme. Les symptômes peuvent inclure : douleurs articulaires et musculaires, fatigue chronique, problèmes de mémoire et de concentration, problèmes de respiration, trouble du sommeil, éruptions cutanées et problèmes de peau, bouche sèche et yeux secs, anxiété, dépression, maux de tête, chute de cheveux… Post instagram en anglais d’une ancienne utilisatrice qui résume son cas.
Plusieurs modèles de prothèses ont encore été retiré du marché en France en 2019.
A l’heure actuelle, nous n’avons pas connu en France de scandale sur les prothèses fessiers, mais ce sont aussi des prothèses en silicone qui risquent de provoquer des problèmes d’inflammation, de rejet, etc.
Chirurgie esthétique
J’englobe ici les opérations de pose de prothèses en tout genre, les rhinoplasties, les liposuccions, etc.. toutes opérations nécessitant une anesthésie générale ou non, ainsi qu’une lésion dans la peau, l’os, etc.
Risques dans la zone opérée : douleurs et inflammations anormales, perte de sensibilité, épanchement lympathique..
Risques dues à l’anesthésie : une anesthésie n’est pas anodine. Il existe un très faible taux de mortalité, par contre on retrouve communément des nausées, maux de tête, grande fatigue, problème de concentration à la sortie de celle-ci.
Cicatrisation : les cicatrices sont inévitables et définitives. Durant une période variant de 6 à 36 mois, la cicatrice change d’apparence avant de parvenir à son aspect définitif. Pendant ce temps, il convient d’éviter absolument le soleil sur cette partie. Chaque individu a sa propre vitesse de cicatrisation et il est impossible de connaître à l’avance le résultat d’une cicatrisation.
Risques vasculaires et hémorragiques : Une santé cardiovasculaire défaillante (varices, antécédent de caillot, prise de pilule, tabagisme, obésité) augmente inutilement vos risques de complications graves.
Risques d’infection : on demande en général avant une opération esthétique aux patients de prendre des antibiotiques en prévention. Une infection non prévue pourra au mieux retarder votre cicatrisation, ou au pire devoir vous faire repasser sur la table pour un résultat moins satisfaisant.
Produits ingérés : entre les produits anesthésiants, les antibiotiques, les anti-inflammatoires, les IPP, les morphiniques… vous aurez tout intérêt à préparer votre corps avant l’opération car vous allez lui donner beaucoup de choses à traiter !
Liposuccion
L’opération consiste à littéralement “vider” des poches de graisses. Les médecins vous diront qu’il convient d’avoir une bonne hygiène de vie à la suite de cette opération, sinon vous “remplirez” à nouveau ces cellules graisseuses. En réalité, il y a de fortes chances de produire encore plus de graisses par la suite.
“Plusieurs études ont cependant démontré chez l’animal que la lipectomie chirurgicale se redistribue sur les autres parties du corps, avec des problèmes métaboliques”. Hocine Sekkiou a écrit une très bonne explication des conséquences sur le métabolisme dans ce post instagram.
Épilation laser
Opération très tendance en ce moment chez les jeunes filles, elle consiste à détruire le bulbe pileux au laser pour une épilation plus ou moins définitive. Les médecins vous mettront en garde sur les contre-indications, il en existe pas mal : problèmes sur certains types de peaux ou avec trop de grains de beauté, impossibilité de s’exposer au soleil, impossible si maladie de peau, allergie, lésions…
Risques à court ou moyen terme : on peut avoir des brûlures qui apparaissent sous forme de cloques et de croûtes, ou des dépigmentations sur certaines zones épilées.
Risques à long terme : cicatrices, changement de couleur, mais aussi peau sèche. En effet, le laser brûlant le bulbe pileux dans son intégralité, il diminue aussi la faculté de la peau à produire du sébum. A l’heure actuelle les risques de recevoir autant de laser sur la santé n’ont pas vraiment été étudié. Si la peau est semblable à un coup de soleil après laser, c’est bien qu’il y a une réaction à mon humble avis…
Risque de repousse paradoxale : certaines personnes connaissent avec le laser une stimulation du poil au lieu d’une destruction du bulbe. Cela concerne le plus souvent les zones du visage, près des seins et en haut des cuisses. Cette stimulation paradoxale a pour origine une instabilité hormonale et concerne principalement les jeunes femmes de moins de 35 ans et les hommes de moins de 45 ans.
A propos de l’utilité physiologique du poil :
A travers une étude publiée dans le British Medical Journal, une équipe de chercheurs de l’Université de Californie a établi un lien entre épilation du maillot et infections sexuellement transmissibles. Arrachés, les poils pubiens ne peuvent plus remplir leur fonction protectrice, ce qui ouvre la voie aux virus et aux bactéries.
Et les autres techniques d’épilation ?
Il n’y a malheureusement rien de sans danger, entre le rasoir qui irrite ou coupe la peau, et la cire qui peut brûler si trop chaude… Il faut faire attention dans tous les cas. La tondeuse reste le plus “safe” si on ne veut vraiment prendre aucun risque pour sa peau, ou encore la pince à épiler et l’épilation au fil sur les petites zones.
Coloration et décoloration des cheveux
Coloration
Certains experts mettent en cause des composants des produits qui seraient responsables d’allergies ou d’autres maladies. Parmi les ingrédients pointés du doigt dans une coloration, il y a la paraphénylènediamine (PPD), un allergène notoire de la famille des amines aromatiques. Vous trouverez ici un article détaillant les produits toxiques dans les colorations cheveux, ainsi que les alternatives naturelles.
« La peau n’est pas une barrière de protection, elle favorise la pénétration des actifs. Pour preuve, en médecine, on se sert de patch cutané pour faire passer des actifs, car la peau agit comme un diffuseur. Et ces actifs cancérigènes contenus dans la coloration – principalement les amines aromatiques – présentent un danger réel en raison de leur faible dose. Car c’est justement ces faibles doses, mais répétées de façon chronique, qui augmentent le risque. »
Pr Dominique Belpomme, cancérologue.
Décoloration
Outre le fait d’abîmer volontairement vos cheveux en pratiquant une décolo, vous avez aussi de nombreux risques pour la santé. Les travaux menés par l’Anses ont mis en évidence la toxicité de certains principes actifs contenus dans les décolorants : les persulfates d’ammonium, de potassium ou encore de sodium. L’exposition à ces actifs peut entraîner différentes pathologies comme de l’asthme, des dermatites allergiques, des rhinites, de l’urticaire, des chocs anaphylactiques ou encore des maladies respiratoires. Plus le contact aux produits est régulier, plus le risque de développer un problème de santé est élevé, c’est pourquoi c’est d’abord votre coiffeur ou coiffeuse qui prend des risques avant vous. Le métier de coiffeur a d’ailleurs été classé comme cancérigène probable par le CIRC.
Vous pouvez trouver des coiffeurs·ses qui utilisent des produits naturels rassurez-vous !
Maquillage (yeux, lèvres, teint…)
Une cause de toxicité pour sa santé qui est à mon sens trop peu souvent prise en compte… En témoigne les influenceuses pronant le “healthy lifestyle” qui font la promotion de marques toxiques.
Tout ce que vous mettez sur votre peau, passe à travers celle-ci… Ce que vous mettez sur votre peau devrait pouvoir être mangé (oui oui).
Parabens, perturbateurs endocriniens, silicones, parfums, conservateurs, allergènes… La liste est tellement longue des produits à surveiller que je ne conseille pas de les apprendre par cœur ! Vous pouvez vous tourner des labels certifiants la qualité du produit, ou bien scanner la liste INCI de vos produits sur internet (INCI beauty, quechoisir, etc).
Il n’y a malheureusement pas que le maquillage mais tous vos produits de salles de bain à vérifier (dentifrice, shampoing, savons, crèmes…) si vous voulez vous éviter des problèmes sur la santé.
Comme d’habitude c’est la dose qui fait le poison, donc si vous utilisez très occasionnellement un cosmétique de moins bonne qualité, vous risquez peu de choses, par contre, si vous vous maquillez tous les jours avec des substances nocives, c’est évident que vous mettez votre santé en péril, notamment hormonal en premier lieu à cause des perturbateurs endocriniens.
Autre fait trop souvent ignoré : les marques de luxe, les marques professionnelles ou les marques de parapharmacie ne sont pas plus qualitatives parce que plus chères… Dans ce domaine, le prix n’est vraiment pas gage de qualité !
D’ailleurs, le maquillage naturel n’est pas forcément plus cher, moins efficace, ou moins beau ! En témoigne ce post de Nothing but my opinion.
Vernis à ongle et pose de faux ongles
On continue sur le thème du maquillage… Les vernis à ongles contiennent beaucoup d’agents chimiques dangereux pour la santé. Ces substances peuvent causer de l’asthme, des dermatites, et même le cancer du sein. Le dibcétylphtalae, contenu dans la majorité des vernis, est un perturbateur endocrinien. Les vernis à ongles contiennent également du toluène (neurotoxique), du formaldéhyde (une substance cancérigène) et du xylène.
Je conseillerais personnellement d’en choisir un le moins toxique possible, et d’en mettre très occasionnellement. Physiologiquement, les ongles ont besoin de respirer, comme nos cheveux ou notre peau, et les couvrir sans cesse peut également les abîmer en profondeur.
Et les faux ongles ? Mettre des faux ongles car on a abîmé ses ongles naturels c’est un véritable cercle vicieux, car vous abîmerez encore plus vos ongles en faisant ça !
« Qu’on les choisisse en résine ou en gel, le problème reste le même : les faux ongles abîment l’ongle naturel sous-jacent, qui s’amincit et devient cassant. Il peut y avoir des complications dues à des infections bactériennes. L’ongle naturel devient jaune ou vert, et se décolle. Ces infections sont favorisées par la pose de faux ongles longs, qui permettent aux microbes de s’infiltrer. Les résines pour leur part, entraînent des problèmes particuliers. Elles attaquent parfois la peau sous l’ongle, celui-ci prend une couleur très blanche et peut se décoller. Sans oublier les risques d’allergies, locales ou à distance, par exemple au niveau des paupières…»
Docteur Catherine Oliveres-Ghouti, dermatologue à Paris.
On a trouvé aussi quelques cas de cancer de la peau, due à une utilisation des UV pour faire durcir le gel. L’inhalation fréquente des colles et des composés toxiques volatils peut également multiplier les risques de développer de l’asthme, voire un cancer du poumon.
Après la pose de vernis ou de faux ongles, vient le problème du dissolvant pour enlever tout ça. Vous avez certainement remarqué que le dissolvant donne mal à la tête si utilisé dans un espace clos. Le toluène contenu dans le dissolvant peut irriter les yeux, la gorge et les poumons. L’acétone, lui, est suspecté d’être dangereux, d’irriter la peau, voire d’endommager le système reproductif, les reins, le foie, ou le fœtus en cas d’exposition prolongée.
Injections (botox, acide hyaluronique…)
Le Botox est une protéine purifiée que l’on injecte sous la peau au moyen d’une fine aiguille afin de détendre les muscles du visage et d’estomper les rides et les ridules. L’insertion de cette molécule peut conduire à : une réaction allergique à la protéine injectée, une modification de l’expression du visage si l’injection est mal effectuée, le relâchement d’une paupière (ptose) si l’injection est faite trop près de l’orbite de l’œil, de la douleur, de l’enflure et/ou des ecchymoses près du site d’injection, des maux de tête, une faiblesse musculaire localisée si le produit est injecté en trop grande quantité…
Et l’acide hyaluronique ? C’est une substance produite naturellement par le corps, donc on pourrait se dire, c’est top ! En fait l’acide utilisé en crème ou en injection est une substance de synthèse qui reproduit la molécule initiale. Cette molécule de synthèse peut provoquer des réactions allergiques, notamment des inflammations aiguës ou chroniques de la peau. Ou encore des granulomes, sorte de petits boutons sous la peau, qui disparaissent naturellement à la longue.
Micro-blading, pigmentation, tatouages semi-permanents…
Cette technique consiste à implanter des pigments dans la peau (sourcils, lèvres) qui disparaîtront à moyen terme (1 à 2 ans).
Là encore on retrouve des risques similaires à l’insertion d’un corps étranger dans la peau : infection, allergie, inflammation… qui peuvent être plus ou moins dangereuses.
Un autre problème soulevé par de nombreuses utilisatrices, est la couleur qui tourne à l’orange, rose, ou même bleu en disparaissant, ou parfois les pigments qui se dilatent (comme un tatouage qui a mal vieilli). Çà nécessite de refaire du micro-blading assez souvent en entretien.
Comme pour les tatouages je pense qu’il faut faire attention aussi à la qualité des pigments utilisés par votre institut… Mais il est malheureusement difficile d’avoir accès à ces informations. Vraiment pas sur que tout ça soit très naturel !
Micro-needling
C’est une intervention qui perfore votre peau à l’aide de très fines aiguilles, pour la forcer à produire plus de collagène. Là encore ça ne paraît pas trop problématique mais pourtant c’est assez invasif. Ce soin était à l’origine plutôt destiné aux peaux asiatiques, plus épaisses et plus grasses que celles des occidentales. A éviter alors sur les peaux fines, sèches et déjà abîmées, pour ne pas faire plus de dégats. Et là encore comme pour toute intervention cutanée, il y a risque d’infection ou d’inflammation.
Il y a un bon podcast de Lisa Salis là-dessus si vous voulez approfondir le sujet !
Conclusion
Le but de cet article n’est pas de faire culpabiliser et de ne plus rien faire du tout si ce n’est pas votre souhait, je finirais alors par quelques conseils si vous êtes intéressée par une de ces méthodes.
Par où commencer si vous choisissez une de ces méthodes ?
- Choisir un soin/opération dans un institut/clinique réputé, regarder les avis, témoignages clients
- Ne pas chercher la pratique la moins chère au risque d’avoir des problèmes (un soin de qualité se paye toujours…)
- Discuter des risques avec votre praticien (même si, attention, ils risquent de ne pas être tous totalement honnêtes car leur but est de vendre ces soins!)
- Bien respecter les mesures d’hygiènes recommandées par le praticien
- S’informer et réfléchir aux pour/contre, aux éventuels risques afin de ne pas être déçue