Santé féminine

#OctobreRose : entre surdiagnostic et manque de réelle prévention

Nous sommes en octobre, et depuis quelques années, c’est l’heure de la grande campagne marketing Octobre Rose.
Je passerais sur l’infantilisation des femmes et l’humour douteux qui ressortent de cette campagne, markétée à grand coup de Pinkwashing, on va ici parler du fond de cette campagne.

Octobre rose : une promotion du dépistage pas vraiment utile

Le dépistage du cancer du sein ou l’art de rendre malades des femmes bien portantes et de donner l’illusion de les avoir guéries.

Dr Bernard Duperray

Passer une mammographie même sans symptômes permettrait de trouver des cancers le plus tôt possible, oui ça paraît être une bonne chose, cependant c’est la porte ouverte au surdiagnostic.

Une étude canadienne, portée sur 90 000 femmes, a révélé que 22% des femmes ont été sur-diagnostiquées.
Selon cette étude, il n’y aurait pas de différence significative en terme de “vies sauvées” mais il y aurait bien plus de cancers diagnostiqués.

On donnerait donc des traitements médicaux lourds aux femmes concernées, quand bien même une majorité des “petits cancers” trouvés à la mammographie n’auraient jamais évolué. Chimiothérapie, rayons, voire ablation du sein sont donc parfois réalisés de manière inutile.

Outre les traitements inutiles, on parle aussi des conséquences psychologiques de l’annonce de fausses alertes qui peuvent être désastreuses (anxiété…), et qui sont assez courantes.

L’irradiation subie lors d’une mammographie est aussi préjudiciable pour la santé, et peut être contre productive. En effet, les mammographies exposent à des doses très faibles de rayons, qui peuvent augmenter la probabilité de futur cancer.

Personne n’est naïf aujourd’hui, chacun·e sait que le lobby des labo pharmaceutiques est très puissant, et que malheureusement il est difficile de croire sur parole le Ministère de la Santé, sans penser au conflit d’intérêt.

Un collectif de médecins indépendants s’est organisé en 2015, sous le nom de « cancer rose » pour dénoncer, à l’aide d’une brochure et d’une vidéo, « les messages officiels extrêmement incitatifs » et les campagnes commerciales qui vantent un dépistage « ne reposant pourtant sur aucune donnée fiable et pertinente », fondés sur des injonctions culpabilisatrices plutôt que sur l’information objective des femmes.

Article Lemonde

L’idée ce n’est pas de rejeter en bloc la mammographie, mais d’en parler avec votre médecin pour évaluer la balance bénéfice/risque dans votre cas (âge, antécédents, hygiène de vie…).

Avant le dépistage systématique, pensons à l’autopalpation

Plutôt que de réaliser des dépistages “au pifomètre”, de plus en plus de médecins conseillent d’attendre d’avoir un premier symptôme, que l’on pourrait voir à l’œil ou lors de l’autopalpation.

Autopalpation

La réalité du cancer du sein derrière les chiffres anxiogènes

Le slogan : « Une femme sur huit risque de développer un cancer du sein. »

Selon Catherine Hill, épidémiologiste à l’Institut Gustave-Roussy, à Villejuif (94), il s’agit d’une surestimation basée sur un calcul portant sur une population fictive suivie de la naissance à cent ans et plus. « Ce qui est pertinent, c’est le calcul pour une femme d’un âge donné suivie sur une durée donnée. Ainsi, le risque de diagnostiquer un cancer du sein dans les dix années suivantes est de 1,9 % pour une femme de 40 ans, de 2,1 % pour une femme de 50 ans, de 3,2 % pour une femme de 60 ans. »

Article quechoisir.org

Le cancer du sein se soignant plutôt très bien, malgré le fait qu’il soit très répandu, il est paradoxalement peu meurtrier.

En 2010 :
– 4,4% des femmes sont décédées d’un cancer du sein,
– 19,4% d’un autre cancer,
– 29% d’une maladie cardio-vasculaire.

Une prévention dont on ne parle pas assez

Et si on arrêtait cette peur du cancer en se disant “j’espère que ça ne me tombera pas dessus” et qu’on prenait plutôt en main notre santé ?
La majorité des cancers, comme de nombreuses maladies, peuvent être évités en mettant en place une bonne hygiène de vie. “La majorité des cancers sont, directement ou indirectement, liés à des facteurs environnementaux et sont donc en principe évitables.” assure le CIRC.

Quels sont les principaux facteurs de risques évitables ?

  • Le tabac, évidement à l’origine de nombreux cancers
  • L’alcool
  • Les excès alimentaires, l’obésité et le surpoids
  • L’absence d’activité physique (voir mon article sur le sujet)
  • La prise importante et répétée de médicaments
  • L’exposition à la pollution, à certains agents infectieux
  • L’exposition aux pesticides, aux perturbateurs endocriniens et à certaines substances chimiques (certains cosmétiques, implants mammaires, etc)
  • Les rayonnements (imagerie médicale, radio)
  • La prise prolongée et la prise à la puberté de pilule contraceptive (voir mon article), mais aussi les traitements hormonaux de la ménopause, ou les traitements hormonaux pour concevoir
  • Le stress chronique (harcèlement, précarité, entourage toxique), des chocs émotifs, ou une mauvaise gestion de nos émotions (voir le livre du Pr Khayat, L’Enquête vérité)
  • (plus difficile à démontrer malgré quelques études sur le sujet) le port répété du soutien-gorge, en cause une compression des canaux lymphatiques et une hausse de la température (voir article sur le no bra)

On adorerait, voir à la TV ou dans la rue des publicités nous disant de diminuer l’alcool, d’arrêter la pilule et de manger bio pour éviter le cancer du sein, mais malheureusement vu les conflits d’intérêts, ce n’est pas prêt d’arriver…

Pour en savoir plus

  • Article quechoisir.org “Des slogans pro-dépistage à nuancer”
  • Article Franceinter “Un pavé dans la mare d’octobre rose”
  • Article Lemonde “Cancer du sein : fait-on trop de mammographies ?”
  • Le site du collectif de médecins Cancer rose

Cet article donne également beaucoup de sources : http://www.jaddo.fr/2016/06/19/et-mes-fesses-elles-sont-roses-mes-fesses/

La vidéo de Cancer rose sur les pour/contre de la mammographie

L’arnaque Octobre Rose dénoncée par un cancérologue, Gérard Delépine


Thierry Casasnovas “Octobre rose, des mammographies inutiles et dangereuses !”


La radiologue Cécile Bour démontre le scandale Octobre rose